Faut-il encore croire les informations ?
Cela fait déjà quelques semaines que je me pose cette question. La base-line de ce site est “l’info autrement”, car depuis sa création, j’ai toujours fait en sorte que les articles qui y sont proposés ne soient pas des textes que l’on peut lire ailleurs. J’ai tellement vu de sites reprenant mot pour mot des dépêches d’agence sans apporter de valeur ajoutée à l’information proprement dite… Ce défaut que je voyais dans les medias traditionnels s’est transposé dans le monde numérique malheureusement.
De l’info virale… au buzz artificiel
Avec l’émergence des infos sur le web, on a eu le droit à quelques dérives, notamment en voulant chercher le sensationnalisme, le buzz à tout prix. Que ce soit pour l’actu des people ou pour des news sur le sport, il faut faire du clic, malheureusement. Je sais que je ne suis pas le site le plus lu, ni le plus commenté… mais je sais qu’en quittant i-Actu, le visiteur n’aura pas perdu son temps. Je ne suis heureusement pas le seul à réfléchir comme cela.
En outre, les medias, quels qu’ils soient, ont bien pris conscience du problème auquel ils étaient confrontés et nombreux sont ceux à avoir mis en place des procédures de “fact checking”, en se regroupant même parfois. De plus, comme les informations se distillent désormais sur les réseaux sociaux, Facebook s’est associé avec des titres de presse pour que le travail de vérification soit effectué et indiqué aux abonnés du réseau social.
J’ai eu la chance de rencontrer des journalistes réputés, et l’un d’entre eux m’a avoué (il y a plus de 10 ans déjà) qu’avant une dépêche de l’AFP était vérifiée, contrôlée, relue… alors que dorénavant, on prend l’info comme vraie et on n’y rajoute rien qui demanderait du travail. C’est d’ailleurs ce que l’on a pu voir avec la récente affaire du vrai faux Xavier Dupont de Ligonnès. Un journal, “Le Parisien”, trouve, pense-t-il, le “scoop” de l’année : l’homme recherché depuis quelques années par toutes les polices de France et du monde a été arrêté. Je dis bien “a” et pas “aurait” puisque le conditionnel n’a pas été utilisé par le journal.
Un effet boule de neige
Passe encore sur l’erreur commise par le média, mais que dire de la reprise de cette information ? Car, comme c’est souvent le cas, d’autres média reprennent les dires du Parisien, sans aucune vérification. Mais ce qui est le plus “amusant” (si on peut dire), c’est que peu ont cité la source de cette information ! Ah ben non, il ne faudrait surtout pas dire qu’un autre a travaillé et a trouvé le “scoop” avant soi-même ! Sauf qu’il y a eu méprise, et que cette info est en fait une grosse “erreur”, “gaffe” journalistique qui ne manquera pas (ou en tout cas “devrait”) d’être étudié dans les écoles de journalisme.
Et bizarrement, au moment où cette arrestation s’est avérée être une erreur, les médias qui l’avaient relayée sans prendre aucune précaution, ni citer la source originale, se sont mis à citer “Le Parisien” comme responsable de cette mauvaise information. Or, en étudiant bien la situation, ce n’est pas le journal qui est tant responsable que tous ceux qui ont relayé, sans vérifier. Tout cela pour obtenir de la visibilité, comme les chaînes d’info en continu qui n’avaient rien à se mettre sous la dent à ce moment-là, et ont donc “surfé” sur cette arrestation.
Est-ce une évolution de la société ? Pas forcément…
Que faire alors ?
Je ne veux pas ici noircir le tableau des “infos”, vous pouvez bien entendu continuer à suivre i-Actu bien entendu, qui continuera à faire de l’info autrement, mais surtout ne pas croire aux certitudes : ce n’est parce que la majorité pense d’une façon que cette majorité a raison et que la minorité a tort ! C’est aussi un des problèmes des élections qui permettent à un candidat de gagner… mais généralement, la victoire ne tient qu’à un fil, comparé à la population concernée. Si on excepte 2017 et 2002, les derniers résultats donnaient le bon vainqueur à 51,64% (2012), à 53% (2007) et à 52% (2002) : la solution est donc de remettre en cause tout ce qui ne devrait pas l’être !